La Mourabaha est une opération de financement d’un bien meuble ou immeuble à travers son acquisition par la Banque suite à la demande du client, et qui le lui revend à un prix égal au coût d’acquisition en plus d’une marge bénéficiaire préalablement convenue.

Ce type de financement a poursuivi sa progression dans le premier semestre de l’année 2022 avec une hausse de 23.8 % par rapport au 1er semestre 2021.

Selon les indicateurs mensuels publiés par Bank Al Maghrib, le réseau des agences du financement participatif a augmenté de plus de 9%, y compris les espaces dédiés aux fenêtres participatives , avec un montant de dépôts à vue qui dépasse les 5.8 Mds de Dirhams, ce qui représente une augmentation de 31.2 % par rapport à l’ année précédente . Les encours de financement ont réalisé une hausse assez importante : la Mourabaha immobilière a réalisé des encours qui dépasse 18 Mds de dirhams avec une augmentation de 7.2 % par rapport au début de l’année 2022.

Le développement de la Mourabaha comme une solution financière alternative, reste très faible par rapport à la taille du marché de crédit marocain. Dans le premier semestre de 2022, la Mourabaha immobilière a représenté plus de 85 % des encours des financements participatifs au Maroc par rapport aux autres formes de la Mourabaha (comme la Mourabaha Automobile ou la Mourabaha Equipement) qui représentent collectivement une part des encours des financements participatifs qui ne dépasse pas les 2.5 Mds de dirhams.

La Mourabaha adopte une autre formule pour se rémunérer des crédits octroyés. Si les banques exigent un taux d’intérêt, les banques participatives adopte une marge constatée d’avance correspond à la marge bénéficiaire globale fixée dans le contrat de vente par Mourabaha.   Elle est inscrite au niveau des comptes de régularisation avant de faire l’objet d’un étalement au prorata temporis sur la durée du contrat. Ainsi, à chaque clôture comptable ultérieure, l’établissement comptabilise en produits la quote-part de la marge afférente à ladite période.

On résume les encours de crédit immobilier accordé aux ménages, ventilés entre crédit immobilier, crédit de consommation* (équipement) et crédit immobilier de Mourabaha, selon les dernières statistiques fournis par Bank Al Maghrib, dans le tableau suivant :

TotalEncours en MMDH – Aout 2022 Encours en MMDH – Aout 2021Variation en %
Crédit immobilier 236.9229.113.4
Mourabaha immobilière (*)18.014.523.4
Consommation**57.055.233.2
Part du Moutabaha dans le marché de crédit accordé aux ménages en %4.83.9 

Tous ces chiffres montrent que l’industrie financière participative au Maroc est performante, ces statistiques renforcent les propos du rapport de Thomson Reuters sur le développement de la finance islamique en 2018 et qui a noté que le Maroc dispose d’une forte participation en Afrique.

La finance islamique s’appuie sur un modèle d’intermédiation bancaire à taux zéro. C’est par conséquent une finance dite libre d’intérêt. Elle nécessite en outre l’adossement de toutes les transactions à un actif tangible tout en étant fondée sur le partage des profits et des pertes. Elle regroupe toutes les techniques qui permettent de mettre des fonds à la disposition d’un agent économique pour répondre à ses besoins à court ou à long terme, sans violer l’interdiction absolue de recevoir une rémunération sous forme d’intérêts ni les autres principes fondamentaux édictés par le droit musulman.

On peut simuler la différence entre un crédit immobilier et La Mourabaha immobilière dans le tableau suivant :

Prenons l’exemple d’ une somme de 300.000 DH , octroyée pour une durée de 10 ans .

**Les résultats sont établis selon le simulateur de CAFPI (https://www.cafpimaroc.com), l’agence digitale des prêts immobiliers . **

   Crédit immobilier    Mourabaha immobilière
MONTANT DU CRÉDIT300 000 DH300 000 DH
MENSUALITÉS TTC3 175 DH3 138 DH
TAUX4.5 %
DURÉE DU CRÉDIT10 ans10 ans
Coût de l’ emprunt ( pour le crédit ) / Marge bénéficiaire (pour la Mourabaha )80 957 DH76 526 DH
  Je rembourse  380 957 DH  376 526 DH
ObservationLe taux pratiqué est supérieur au taux moyen diffusé par la BAM , situé au bout de 4.19% . Ce qui augmente le coût de l’emprunt et génère plus de charges financières pour les ménages. Ce coût est augmenté par les frais de dossier.La marge bénéficiaire pratiquée est moins élevée par rapport à un emprunt classique par le biais du crédit immobilier.

L’introduction de la finance islamique au Maroc constitue une réelle opportunité de développement de l’activité bancaire marocaine étant donné la forte demande de tels produits émanant à la fois de la part de la population et des opérateurs. Elle constitue un relais de croissance de leur activité à l’égard du poids de la demande tant nationale qu’internationale, sa contribution à l’amélioration du niveau de bancarisation, et ses capacités à mobiliser de l’épargne qui leur échappe pour des raisons religieuses.

Mouhieddine Afdel

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